La SNCF fait de la résistance à l’intérieur de la réforme ferroviaire

vendredi 26 décembre 2014
par  YvesG
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Quand le patron de la SNCF applique la réforme ferroviaire en sa faveur
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Le Monde.fr | 18.12.2014 à 10h21 • Mis à jour le 18.12.2014 à 17h25 | Par Philippe Jacqué

C’est la lettre spécialisée Mobilettre qui a révélé le pot aux roses jeudi 18 décembre. La nouvelle SNCF ne sera pas, comme le prévoyait la loi de réforme ferroviaire en août 2014, un système organisé entre un établissement public industriel et commercial (EPIC) de tête (SNCF) et deux établissements « filles », SNCF Mobilité d’un côté, et SNCF Réseau de l’autre. Les deux étant séparés pour garantir à moyen terme l’ouverture de la concurrence du secteur.
Au lieu de ce schéma simple et compatible avec la réglementation européenne, la direction de la SNCF a tout simplement réinterprété la loi. Elle a présenté le 15 décembre dans sa lettre interne « Temps Réel » un nouvel organigramme. Le groupe est organisé en cinq branches sous un directoire composé de Guillaume Pepy, patron théorique de SNCF Mobilité et Jacques Rapoport, patron de SNCF Réseau, et un conseil de surveillance présidé par Frédéric Saint-Geours.

Dans ce schéma, SNCF Réseau apparaît comme une simple branche et non plus comme un établissement distinct. Par effet d’affichage, il est mis au même niveau que SNCF Immobiliers, qui dépend directement de l’EPIC de tête, et des composantes de SNCF Mobilités : SNCF Logistics (fret), Keolis et SNCF Voyages.

En clair, Jacques Rapoport, patron de SNCF Réseau, s’apparente désormais à un directeur de branche. Et Guillaume Pepy, le président du directoire, devient le seul homme fort de tout le système. Cela valide l’interprétation que faisaient beaucoup d’observateurs que la réforme était en fait préparée par et pour M. Pepy, ministre bis des transports.

« Ce schéma n’est pas un organigramme, mais une simple description des futures activités industrielles et commerciales du groupe, précise Frédéric Saint-Geours, le président du conseil de surveillance de la nouvelle entité. La loi est en tout point respectée. SNCF Réseau et SNCF Mobilités sont des EPIC distincts au sein du nouveau groupe public ferroviaire. Et M. Pepy et M. Rapoport sont réunis au sein d’un directoire dual. Le conseil de surveillance est garant de l’indépendance de SNCF Réseau pour ce qui est de l’accès au réseau des concurrents et pour la tarification »

OPA lancée par Guillaume Pepy

Reste que l’affichage est frappant et connaissant M. Pepy, un spécialiste de la communication, rien n’a franchement été laissé au hasard en la matière. La manipulation est grossière et dénature l’esprit même de la loi votée cet été. Elle met un terme à toute possibilité de séparation plus poussée entre Réseau et Mobilité que la droite pouvait caresser. Mais de façon générale, peu de monde critique l’OPA lancée par Guillaume Pepy sur le Réseau ferré de France. Les observateurs sont lassés par une réforme en discussion depuis plus de cinq ans. Les syndicats, eux, applaudissent une réforme qui devrait faire renaître la mythique SNCF d’avant 1997, date de la séparation de la SNCF et de Réseau Ferré de France.

« Plus c’est gros, plus ça passe, regrette une source interne. On va voir si cette fois Guillaume Pepy sera rappelé à l’ordre par les pouvoirs publics et les régions, car cela n’a rien à voir avec ce qui était prévu. Et c’est relativement mal vécu par pas mal de cadres ». Pour l’instant, seule l’Autorité de régulation des activités ferroviaires (ARAF) s’est aujourd’hui insurgée contre les premiers décrets d’application élaborés par l’Etat et la SNCF pour la nouvelle organisation. Et le nouvel organigramme ne devrait pas trouver grâce à ses yeux.

Philippe Jacqué
Rédacteur au service économie (automobile et transport)


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