repris de MOBILICITES du 21 décembre
Guillaume Pepy espère en six mois réformer les 35 heures à la SNCF
L’objectif gravé dans la loi de la réforme ferroviaire s’annonce difficile à tenir : la SNCF doit avoir renégocié, avant le 1er juillet 2016, son organisation du travail. Guillaume Pepy a répété le 20 décembre 2015 à la radio la nécessité de “faire de la productivité" pour faire face à la concurrence. De quoi braquer les syndicats d’autant que la CGT et Sud Rail restent majoritaires.
Si l’hiver est métérologiquement doux, le printemps et l’été 2016 s’annoncent socialement chauds à la SNCF.
Car une partie des syndicats est déjà vent debout face à la renégociation du temps de travail qui se profile. Syndicat dit réformiste, l’UNSA a ainsi réagi très vivement, sur France Info au lendemain des annonces de Guillaume Pepy, le 20 décembre à la radio annonçant son intention de réformer le temps de travail.
Au Grand Jury« RTL-Le Figaro-LCI, le président de la SNCF a fixé la feuille de route pour les mois à venir. »Nous avons à renégocier à la SNCF la façon de faire les 35 heures pour que nos 35 heures soient plus efficaces. Plus efficaces dans l’intérêt des clients, pour avoir des trains plus à l’heure, plus fiables, moins chers. Il n’y a pas d’autre stratégie possible que de faire baisser les coûts", a-t-il poursuivi.
Guillaume Pepy n’a pas le choix. Impossible d’échapper au couperet fixé par la loi de réforme ferroviaire du 4 août 2014. Elle donne à la SNCF et à ses syndicats jusqu’au 1er juillet 2016 pour renégocier l’accord sur l’organisation de travail par une adaptation du corpus de textes RH 077.
Cette étape est un passage obligé pour pouvoir conclure la convention collective de la branche ferroviaire négociée par l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP) et les syndicats, qui sera commune à toutes les entreprises ferroviaires et dont le dernier volet portant sur l’organisation du travail est le plus déterminant.
« Faire baisser les coûts, c’est remettre à plat l’organisation du travail, c’est faire de la productivité », a encore expliqué le président de la SNCF en réutilisant une formule employée il y a un an. La CGT l’avait alors accusé de jeter « de l’huile sur le feu ».
Quelques jours avant les annonces de Guillaume Pepy, un rapport a fuité sur France Inter. La radio a dévoilé une étude estampillée UTP, AFRA, SNCF datant de juillet 2014 et qui établit une comparaison sur l’écart entre la SNCF et les entreprises ferroviaires françaises. S’ils ont des journées plus longues, les cheminots bénéficient de 22 jours de RTT de plus que les salariés des entreprises ferroviaires privées.
Mais M. Pepy s’est refusé à chiffrer « l’écart » de productivité entre cheminots SNCF et salariés du fret privé. « Je crois au dialogue social et le dialogue social, ça se fait aussi par le respect, donc je ne lance pas d’anathème en donnant des chiffres ou lançant des ultimatums » aux syndicats, a-t-il ajouté.
Il a souhaité « une négociation responsable » car “si on ne réussissait pas, cela voudrait dire qu’au moment où la concurrence va arriver, y compris pour les trains de voyageurs, la SNCF serait perdante et perdrait des postes". Un discours qui n’est pas nouveau dans la bouche du patron des 150 000 cheminots.
Le jeu s’annonce serré car les récentes élections professsionnelles, en novembre, n’ont pas modifié les équilibres entre réformistes et contestataires. CGT et Sud Rail restent majoritaires.
Reste à savoir si la SNCF réussira en six mois ce qu’elle ne parvient pas à faire depuis des années.
Marc Fressoz
Commentaires